pour relancer le débat sur ce record du monde (s'il l'est!!)
Le 52.99 au 100 libre de Lenton est-il un record du monde?
Il reste à voir s'il existe des empêchements à la ratification de ce qui est proclamé ici comme le nouveau record du monde du 100 mètre nage libre, mais Libby Lenton est assurément devenue la première nageuse à passer la barre des 53 secondes avec un temps de 52.99 au Duel in the Pool (Etats-Unis contre Australie), marquant l'avènement d'une nouvelle ère du sprint féminin.
Libby Lenton, qui a remporté cinq médailles d'or aux championnats du monde qui se sont terminés dimanche à Melbourne, s'est dite "chauffée", ajoutant "Je suis juste venue pour m'amuser et il a fallu que je nage contre le meilleur mondial".
La question qui se pose sur la ratification est tout simplement la présence du nageur à la ligne voisine de Homebush: Michael Phelps. La course de Libby Lenton, après un temps de passage étonnant de 25.26, était au lancement d'un relais pour le plaisir. Toutes les autres conditions de course étaient habituelles, avec les officiels et le chronométrage électronique.
Le problème n'est pas tellement celui de la mixité mais plutôt Michael Phelps, qui a terminé en 48.72 avec un temps de passage en 23.96. La règle SW10.15 de la FINA précise "aucune régulation de l'allure ne sera autorisée, et il est interdit d'utiliser un dispositif ou un plan à cet effet". La fédération australienne a maintenant 14 jours pour transmettre le formulaire d'homologation du record de monde à la FINA, Lenton devra aussi subir un test antidopage dans les 24 heures de sa performance pour rendre cette homologation possible.
Les opinions étaient contradictoires sur la question hier soir. Don Blew, du comité technique de la FINA et deux membres du bureau ici à Sydney étaient optimistes, et ce sentiment était retransmis par le porte-parole de la fédération australienne David Lyall: "Nous avons discuté avec la FINA et ils nous ont dit qu'ils s'attendaient à une homologation du record. Nous ne sommes pas certains ce soir mais nous avons confiance en son statut de record".
Mais une source de haut rang de la FINA a déclaré: "Ce n'est pas quelque chose dont ils peuvent décider sur le bord du bassin à Sydney. La question sera examinée lors de l'envoi du formulaire à la FINA, comme pour tous les autres records. Si certaines circonstances sont inhabituelles, cela devra être pris en compte".
Commentaires:
Il y a aussi, dans ce monde où la tricherie jette le discrédit sur les innocents, une autre question. Quand l'allemande Britta Steffen a enregistré 53.30 à Budapest l'été dernier, elle a été la cible de questions dirigées contre elle comme autant de flèches. En ces temps troublés de contrôles anormaux et d'étonnement, Libby Lenton, à juste titre ou non, fera sûrement l'objet d'un doute: si Britta Steffen est suspecte, pourquoi ne pas en penser autant d'une australienne dont la musculature a été attentivement observée et fut l'objet de débats médiatiques dans l'hémisphère sud en décembre dernier.
Et pour la poignée d'entre vous qui auraient interprété aveuglement cette remarque, je l'affirme clairement: je n'accuse PAS Libby Lenton de quoi que ce soit. Je signale simplement que si le monde entier peut pointer du doigt les européennes et quelques autres, il doit en faire de même vis-à-vis des australiennes et d'autres quand apparaissent des performances extraordinaires.
L'Australie - nageurs, entraîneurs et médias, ainsi que les officiels - a été en pointe de vigilance et des commentaires, d'un ton sujet à caution, lors de l'apparition de performances exceptionnelles. Tout cela a un prix: quand vous faites vous-même des choses étonnantes - et le 52.99 de Libby Lenton en fait partie à coup sûr - vous devez vous attendre à ce que d'autres vous regardent avec le même soupçon. C'est dans ce triste état d'esprit que nous nous trouvons dans la natation après trois décennies de courses faussées par le dopage, qui ne venaient pas toutes de RDA ou de Chine.
Comme je l'avais dit à l'époque:
Ce n'est pas que Libby Lenton mérite d'être mise à part ou qu'il existe une raison quelconque d'être plus soupçonneux vis-à-vis d'elle que de qui que ce soit d'autre. Mais c'est la loi du genre. Les australiens, qui avec la presse allemande et d'autres ont posé la question du doute sur les performances de Britta Steffen, en feront-ils de même pour une nageuse qui est passée de plus de 54 secondes à moins de 53 comme un couteau dans du beurre?
Il n'est pas difficile d'imaginer qu'une nageuse qui a pu faire 53.40 sous une pression énorme il y a quelques jours puisse aller plus vite maintenant après l'évacuation de tout ce poids sur ses épaules, en courant après avoir remporté cinq médailles d'or à Melbourne et à peu de temps de son mariage.
Mais quelqu'un au bord du bassin de Sydney pourrait demander: Quelle amélioration de performance? Les détails comme les perspectives d'avenir sont essentielles actuellement. Le renforcement musculaire peut-il à lui seul vous faire progresser d'une demi-seconde sur le reste du monde qui vient juste de progresser d'une demi-seconde aussi? Pourquoi le reste du monde devrait-il rester tellement plus lent, le retard sur le chrono de Lenton est maintenant plus important que ce qui faisait couler beaucoup d'encres sur Le Jingyi en 1994.
La technique comme la théorie évoluent. Les temps aussi, mais certains notablement plus vite que d'autres. Libby Lenton aurait remporté la médaille de bronze juste derrière son compatriote Mike Wenden aux Jeux olympiques de 1968. Don Schollander en 1964 aurait été une demi-seconde derrière elle. C'est étonnant.
Nous devrions tous bien sûr sauter de joie de cette performance exceptionnelle. Une course vraiment étonnante de la part de Libby Lenton. Mais cette semaine où nous avons vu une très grande légende de la natation forcée de combattre pour défendre sa réputation, il est difficile d'esquisser plus qu'un vague sourire. Vague non seulement à cause de Libby Lenton, mais surtout à cause du doute qui s'ensuivra. Et si vous pensez que c'est seulement dans cet article que vous trouverez ce doute aujourd'hui, réfléchissez-y à deux fois - et peut-être plus. Je peux fournir des chiffres de base de données, des citations et des colonnes d'encre de journaux du monde entier si quelqu'un veut vraiment les lire.
Dans les deux heures de la publication de cet article, j'avais reçu des messages de six australiens très en colère et de 32 européens qui applaudissaient à ce rétablissement de l'équilibre. A prendre comme vous l'entendez.